Rogier van der Weyden

Rogier van der Weyden
Rogier van der Weyden par Johannes Wierix, 1572.
Rogier van der Weyden par Johannes Wierix, 1572.

Nom d' naissance Rogier de Le Pasture
Né(e) l’ vers 1400
à Tournai
Défuncté(e) au 18 juin 1464
à Bruxelles
activités peintre, miniaturiste
élèves Pierre van der Weyden (son fils)
Mouvemint artistique Primitif flamand
Influincé par Jan van Eyck

Rogier de le Pasture, dit en flamand Rogier van der Weyden, est un peintre appartenant au mouvement des primitifs flamands, né en 1399 ou 1400Modèle:Note à Tournai et mort le Modèle:Date de mort- à Bruxelles.

Originaire de Tournai, il y est formé au sein de l'atelier du peintre Robert Campin. Il s'installe à Bruxelles en 1435 et devient peintre officiel de la ville. Il répond par ailleurs à de nombreuses commandes des ducs de Bourgogne et de leur entourage. Il fait un voyage en Italie vers 1450 où il acquiert une certaine renommée. Il termine sa vie à la tête d'un atelier prospère auteur de nombreuses œuvres. Les historiens de l'art lui attribuent une quarantaine d'œuvres encore conservées. Il a, par ailleurs, probablement eu une activité d'enlumineur.

Dénomination

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Né Rogier de La Pasture, il fit traduire littéralement son nom dans sa version flamande « Van der Weyden » lors de son installation à Bruxelles en 1435Modèle:Sfn. La dénomination de Rogier van der Weyden retenue actuellement provient d'un acte notarié signé par le peintre. Il a pourtant continué de signer Rogier de le Pasture dans un autre acte notarié lors de l'héritage d'une tante à Tournai. Il est dénommé en outre « Rogier van Brugghe » par Carel van Mander dans son ouvrage Schilder-boeck, premier dictionnaire biographique de référence sur les peintres néerlandais, flamands et allemands, ou encore « Rogier de Bruxelles »Modèle:Refnec.

Biographie

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Les débuts à Tournai

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Rogier de Le Pasture naît à Tournai vers 1400. La ville est alors une commune autonome dépendant du roi de France. Rogier est le fils du coutelier Henry de le Pasture, mort avant 1426 et d'Agnès de WattrelosModèle:Sfn. Peut-être est-il parent d'un certain Coppin de la Pasture, peintre tournaisien mentionné dans une condamnation en 1408. Il entre sans doute assez tôt comme apprenti dans l'atelier de Robert Campin, aussi appelé Maître de Flémalle. Avant 1426, il épouse Isabelle Goffaert, fille d'un riche chausseur bruxellois Jan Goffaert et de Cathelyne van Stockem (ou de Stoquain), probable parente de la femme de Robert CampinModèle:Sfn.

En 1426, Rogier de le Pasture est apprenti dans l'atelier de Robert Campin, en même temps que Jacques Daret. Selon Albert Châtelet, il était au préalable parti compléter sa formation lors de plusieurs voyages. Très engagé dans la vie politique de la ville, Robert Campin se repose sur cet apprenti déjà expérimenté pour faire fonctionner son atelier. Pour autant, aucune œuvre ne peut être attribuée à Rogier de le Pasture avant 1426. Il est signalé, dans les archives de la ville, comme apprenti dans cet atelier de 1427 à 1432. De cette époque date peut-être la petite Vierge à l'Enfant du musée Thyssen-BornemiszaModèle:Sfn. En 1432, il obtient le titre de maître dans la Guilde de Tournai. De cette époque date la Descente de croix du musée du Prado, destinée à la chapelle de la confrérie des arbalétriers de LouvainModèle:Sfn.

Son origine tournaisienne est attestée par plusieurs documents d'archives. En 1440, il fait rédiger à Bruxelles, en qualité de tuteur de sa nièce (fille de sa sœur germaine Jeanne), une procuration pour la vente d'une maison située à Tournai. Il sera encore question de cet immeuble dans un document rédigé à Tournai en 1426, où sont cités Henri de le Pasture et Agnès Watrelos, père et mère de Jeanne. En 1463, une lettre est adressée par la duchesse de Milan au Magistro Rugiero de Tornay pictori in Burseles. Un registre de la corporation des peintres de Tournai contient son inscription comme maître avec la mention natif de Tournai. Enfin, les comptes de la confrérie de Tournai pour 1463-1464 mentionnent en ces termes les frais payés à l'occasion du service funèbre de Rogier Van der Weyden : Item payent pour les chandèles qui furent mise devant saint Luc, à cause de service Maistre Rogier de le Pasture, natyf de cheste ville de Tournay lequel demoroit à Brouselles.

Le peintre officiel de la ville de Bruxelles

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Saint Luc dessinant la Vierge (1435), musée des Beaux-Arts (Boston).

Dans le courant de l'année 1435, Rogier de le Pasture part s'installer à Bruxelles, dans le Brabant, où son nom sera désormais flamandisé en Rogier van der WeydenModèle:Sfn. Dès son arrivée, il est nommé peintre officiel de la ville. En Modèle:Date-, la visite officielle du bourgmestre de Bruxelles aurait été l'occasion de débaucher le peintre tournaisien. Cette fonction reste essentiellement honorifique : il ne perçoit officiellement, chaque année, qu'une pièce de drap pour tout salaire, sans aucun revenu régulier. Il obtient tout de même le titre de bourgeois de la ville, qu'il mentionne en 1439Modèle:Sfn.

C'est à titre de peintre officiel que la ville de Bruxelles lui commande de grands tableaux pour la salle principale de l'hôtel de ville. Deux sont réalisés avant 1439, illustrant des épisodes de La Justice de Trajan. Une seconde série, peinte sans doute avant 1454, représente deux scènes de La Justice d'Archambaud. Il s'agit à chaque fois de tableaux destinés à l'édification des magistrats qui rendent leurs jugements en ces lieuxModèle:Sfn. Panneaux de très grande dimension et sans doute pièce maîtresse de van der Weyden, ils ont probablement été détruits en 1695 lors du bombardement de Bruxelles par les troupes françaises et ne sont plus connus aujourd'hui que par des reproductions partielles, sous forme de tapisserie ou de dessinModèle:Sfn.

Peu de temps après son arrivée, il peint le retable de l'autel de la confrérie des peintres à la collégiale Sainte-Gudule dédié à saint Luc, patron des peintres, auquel il semble avoir donné ses traits. Le tableau est directement inspiré de La Vierge du chancelier Rolin, que le peintre n'a pu observer que dans l'atelier de Jan van Eyck, signe des liens qui unissaient les deux artistes. En 1444, Rogier habite une grande maison de la villeModèle:Sfn.

Un peintre proche de la cour de Bourgogne

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Retable des sept sacrements, musée royal des Beaux-Arts d'Anvers.

À partir de 1442, sans être peintre officiel de la cour de Philippe le Bon, il répond à de nombreuses commandes de l'entourage du duc. L'année 1441 marque la disparition du peintre officiel Jan van Eyck. Celui-ci n'est pas remplacé, mais le prince n'hésite pas à faire appel à l'artiste le plus en vue de sa ville et résidence favorite. On trouve sa trace en 1446, puis en 1458-1459, dans les comptes du duc pour des réalisations officielles, notamment la peinture polychrome de statues. Mais c'est surtout pour l'entourage du prince qu'il reçoit ses commandes les plus importantes : Le Jugement dernier (vers 1445-1449), pour le chancelier Nicolas Rolin aux Hospices de la ville de Beaune, ou encore Le Retable des sept sacrements pour Jean Chevrot, évêque de Tournai et chef du conseil du duc. Outre ces œuvres de très grande dimension, il réalise aussi des enluminures dans des manuscrits destinés à la bibliothèque ducale. La seule qui lui soit attribuée avec certitude est la miniature de présentation des Chroniques de Hainaut de Jean Wauquelin, datée de 1446-1448Modèle:Sfn.

À la même époque, van der Weyden réalise un portrait de Philippe le Bon, dont on ne conserve aucun exemplaire attesté de sa main. Les différentes répliques d'atelier ont sans doute été réalisées à partir d'un poncif : le maître dessine une esquisse du visage et du buste puis laisse à ses compagnons ou apprentis le soin d'en peindre différentes versions définitives. Ce mode de fonctionnement, fréquent des ateliers contemporains, explique les variations dans la qualité de sa productionModèle:Sfn. Par ailleurs, van der Weyden réalise de nombreux portraits de cour, dont celui de la duchesse de Bourgogne et de son fils, le futur Charles le TéméraireModèle:Sfn.

Le voyage en Italie

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La Mise au tombeau (1450), Florence, galerie des Offices.

Vers 1450, à l'occasion du Jubilé, van der Weyden part en Italie, très vraisemblablement à Rome et à Florence. Ce voyage est connu grâce au témoignage du napolitain Bartholomeus Facius, dans son De Viris Illustribus de 1456. À cette époque, van der Weyden a déjà eu l'occasion de travailler pour des commanditaires italiens tel Lionel d'Este, mais uniquement par des intermédiaires installés à Bruges. Rien n'est connu des conditions de son voyage : Facius signale que l'artiste bruxellois a pu admirer les fresques de Gentile da Fabriano dans la basilique Saint-Jean-de-LatranModèle:Sfn.

Seules deux œuvres témoignent d'une influence italienne directe ; elles sont d'ailleurs commandées par des personnalités transalpines. La Lamentation du Christ, conservée à la galerie des Offices de Florence et destinée à la famille Médicis, reproduit un schéma de Fra Angelico issu du panneau central de la prédelle de l'église du couvent San Marco. La Vierge Médicis (Städel Museum, Francfort), commandée par la même famille, reprend la disposition des saints se tenant debout autour de la Vierge, mais cet agencement se rencontre déjà dans quelques retables flamands. Cette influence italienne reste en fait relativement limitée. Elle apparaît aussi dans le Triptyque de saint Jean-Baptiste (Gemäldegalerie de Berlin) : le choix des scènes y est analogue à celui de la porte sud du baptistère Saint-Jean de Florence, due à Andrea PisanoModèle:Sfn.

Un atelier renommé

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Portrait de François d'Este (vers 1460), New York, Metropolitan Museum of Art.

En Modèle:Date-, le peintre Zanetto Bugatto, portraitiste officiel de la cour des Sforza, est envoyé à Bruxelles. Le duc de Milan le recommande au duc de Bourgogne pour qu'il se perfectionne auprès de Rogier van der Weyden. Il y demeure jusqu'en Modèle:Date-[1].

Durant la première moitié de la décennie 1460, l'atelier du peintre continue d'assurer d'importantes commandes : pour des couvents (tel un diptyque pour l'abbaye Saint-Aubert de Cambrai, aujourd'hui conservé au Philadelphia Museum of Art) ou des particuliers (comme le Diptyque à la Vierge de Philippe Ier de Croÿ ou le Portrait de François d'Este). Sa renommée et son aisance lui permettent aussi de faire des dons : à la chartreuse de Scheut (une Crucifixion de grand format, désormais à l'Escurial) ou encore à la Chartreuse de Hérinnes-lez-Enghien, où son fils Corneille s'est retiré. Au sein de son atelier, Rogier est secondé, depuis au moins 1455, par son fils Pierre, né en 1437Modèle:Sfn.

Rogier van der Weyden meurt à Bruxelles le 18 juin 1464. Il est enterré à l'église Sainte-Gudule, au pied de l'autel de la confrérie des peintres et de son retableModèle:Sfn.

L'œuvre peint

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Aucune peinture ne peut lui être attribuée avec une certitude absolue. Par ailleurs, aucun consensus ne se dégage dans la chronologie sur son œuvre[2].

La peinture sur panneau

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Liste établie à partir du dernier catalogue raisonné du peintre : Dirk De Vos, Rogier van der Weyden : L’Œuvre complet, Paris, 1999.

 
Triptyque de Sainte-Colombe (vers 1455), Munich, Alte Pinakothek.

L'enluminure

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Modèle:Article connexe

 
Jean Wauquelin présentant ses Chroniques de Hainaut à Philippe le Bon (1447), Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique.

Plusieurs indices prouvent que Rogier van der Weyden pratiquait l'enluminure, même si aucun texte ne le rapporte directement. Il appartient à une guilde rassemblant des peintres et des enlumineurs et plusieurs peintres de son entourage sont connus aussi pour des décorations de manuscrits : Robert Campin, Éleuthère du Prêt, issu du même atelier ou encore Jean de le Rue, formé par lui. Une seule enluminure est attribuée à Van der Weyden. Il s'agit d'une miniature de dédicace représentant Jean Wauquelin présentant ses Chroniques de Hainaut à Philippe le Bon datée vers 1446-1447[6]. La scène est représentée dans un intérieur qui se retrouve dans un ancien tableau du peintre et aujourd'hui disparu (Vierge à l'Enfant et six saints). Il utilise ici une composition rigoureuse usant de la géométrie pour disposer harmonieusement les personnages dans l'image et mettre en valeur le duc et son fils Charles le Téméraire. Il montre une très grande maîtrise de la technique de l'enluminure pour permettre le rendu des tissus ou des ombres projetées, comme dans ses panneaux. Plusieurs enlumineurs flamands ont d'ailleurs imité la miniature, comme le Maître du Girart de Roussillon, le Maître de l'Alexandre de Wauquelin, qui a collaboré avec lui au manuscrit des Chroniques, ou le Maître des Privilèges de Gand et de FlandreModèle:Sfn.

Postérité

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On retrouve son effigie dans Les Effigies des peintres célèbres des Pays-Bas de Dominique Lampson.

Notes et références

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Références

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Annexes

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Bibliographie

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Modèle:Légende plume

Sur Rogier van der Weyden

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Sur l'époque

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  • Miniatures flamandes : 1404-1482, Paris/Bruxelles, Bibliothèque nationale de France/Bibliothèque royale de Belgique, 2012, 464 p. (ISBN 978-2-7177-2499-8) .
  • Les Primitifs flamands, Paris, Éditions Pierre Terrail, 1996, 206 p. (ISBN 2-87939-115-6) .
  • Italie et Flandres : Primitifs et flamands et Renaissance Italienne, Paris, L’Aventurine, 1995, 321 p. (ISBN 2-84190-006-1) .
  • La Justice dans ses décors (Modèle:Sp-), Librairie Droz, 2006 [lire en ligne] .
  • Dessins du XV{{{2}}} sièke : groupe van der Weyden ; essai de catalogue des originaux du maître, des copies et des dessins anonymes inspirés par son style, Bruxelles, Centre national de recherches « Primitifs flamands », 1969 .

Articles connexes

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Liens externes

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