Berlicoqué : Différinche intre vérsions

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Ércordé conme 19 ed Moai 2011 à 11:19

Lundi

Un souor, ò la ferme, on entend : Toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander si vous pouviez garder chet épi de blé, que j'ai dans mon sac, jusqu'ò demin. — Mais bin sûr, Berlicoqué, mettez-le lò sur l'étagèrr, et vous reviendrez le chercher demin.

Et Berlicoqué sort son épi de blé de son sac, le pose sur l'étagèrr, et puis ch'in vo.

Mardi

Le lendemin : toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander l'épi de blé que je vous ai donné hier souor ò garder. — Ah, mon pauvre Berlicoqué, figurez vous que ch'matin, quand on a ouvert la porte, un-n'[1] glenn[2] est entrée, a sauté sur l'étagèrr et a emporté vote épi. — Ooh, vote glenn a emporté mon épi de blé ? Eh bin, je vais emporter vote glenn.

Et Berlicoqué sort dans la cour, attrape la glenn, la met dans son sac, jette son sac sur son dos et puis ch'in vo, en disant :

– D'un épi de blé, j'ai eu un-n' glenn.


  • Et le souor, dans un-n' aute ferme, toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander si vous pouviez garder chette glenn, que j'ai lò dans mon sac, jusqu'ò demin. — Mais bin sûr, Berlicoqué, mettez-la dans le poulailler avec les nôtes, et vous reviendrez la chercher demin.

Et Berlicoqué sort dans la cour, vo au poulailler, ouvre son sac, et en sort la glenn, qu'il met dans le poulailler, et puis ch'in vo.

Mercredi

Le lendemin : toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander la glenn que je vous ai donnée hier souor ò garder. — Ah, mon pauvre Berlicoqué, figurez vous que ch'matin, quand on a ouvert le poulailler, un cochon a mordu vote glenn, et elle est morte. — Ooh, vote cochon a tué ma glenn ? Eh bin, je vais emporter vote cochon.

Et Berlicoqué sort dans la cour, attrape le cochon, le met dans son sac, jette son sac sur son dos et puis ch'in vo, en disant :

– D'un épi de blé, j'ai eu un-n' glenn, – D'un-n' glenn, j'ai eu un cochon.


  • Et le souor, dans un-n' aute ferme, toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander si vous pouviez garder ch'cochon, que j'ai lò dans mon sac, jusqu'ò demin. — Mais bin sûr, Berlicoqué, mettez-le dans la soue avec les nôtes, et vous reviendrez le chercher demin.

Et Berlicoqué sort dans la cour, vo ò la soue, ouvre son sac, et en sort le cochon, qu'il met dans la soue, et puis ch'in vo.

Jeudi

Le lendemin : toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander le cochon que je vous ai donné hier souor ò garder. — Ah, mon pauvre Berlicoqué, figurez vous que ch'matin, quand on a ouvert la soue, un bidé a donné un coup de pied ò vote cochon, et il est mort. — Ooh, vote bidé a tué mon cochon ? Eh bin, je vais emporter vote bidé.

Et Berlicoqué sort dans la cour, attrape le bidé, saute dessus, et jette son sac sur son dos, et puis ch'in vo, en disant :

– D'un épi de blé, j'ai eu un-n' glenn, – D'un-n' glenn, j'ai eu un cochon. – D'un cochon, j'ai eu un bidé.


  • Et le souor, dans un-n' aute ferme, toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander si vous pouviez garder mon bidé, que j'ai attaché lò dehors, jusqu'ò demin. — Mais bin sûr, Berlicoqué, mettez-le dans l'écurie avec les nôtes, et vous reviendrez le chercher demin.

Et Berlicoqué sort dans la cour, détache son bidé, vo ò l'écurie, y met le bidé, et puis ch'in vo.

Vindredi

Le lendemin : toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander le bidé que je vous ai donné hier souor ò garder. — Ah, mon pauvre Berlicoqué, figurez vous que che matin, quand note file a emmené les bidés bouore ò la rivièrr, vote bidé a glissé, et il s'est noyé. — Ooh, vote file a noyé mon bidé ? Eh bin, je vais emporter vote file.

Et Berlicoqué attrape la petite file, la met dans son sac, jette son sac sur son dos et puis ch'in vo, en disant :

– D'un épi de blé, j'ai eu un-n' glenn, – D'un-n' glenn, j'ai eu un cochon, – D'un cochon, j'ai eu un bidé, – D'un bidé, j'ai eu un-n' petite file.

  • Et le souor, dans un-n' aute ferme, toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander si vous pouviez garder mon gros sac, jusqu'ò demin. — Mais bin sûr, Berlicoqué, mettez-le dans le coin de la salle, et vous reviendrez le chercher demin.

Et Berlicoqué fait glisser son sac de son épaule, le pose dans le coin de la salle, et puis ch'in vo.


Or, ch'souor lò, c'était la fête des Rouos. La mèrr avait apporté la galette, et coupé des parts, et pour les distribuer, elle demandait — Pour qui chelle-chi ? — Ch'est pour mi  ! — Et pour qui chelle-chi ? — Ch'est pour mi !

Et puis, au bout, il en restait un-n' de trop. Alors, pour s'amuser, la maman demande :

— Et pour qui chelle-lò ?

Et on entend un-n' toute petite vouo qui crie :

— Ch'est pour mi ! Ch'est pour mi ! — Et qui t'es, ti ? — Ch'est mi, je chuis enfermée dans le sac de Berlicoqué !

On se dépêche, on s'approche du sac de Berlicoqué, et on vouot que le sac se tortille en criant. On l'ouvre, et on reconné la petite file qui avait été enfermée le matin, et qui raconte son histouore.

On l'aide ò sortir, et le pèrr décide de préparer un-n' punition pour Berlicoqué, pach'qu'on n'attrape pas des petites files comme cho. Il vo chercher le gros chien d'la ferme, et le met dans le sac ò la place de la petite file.

Samedi

Le lendemin : toc, toc, toc !

— Qui est lò ? — Ch'est Berlicoqué, madame. — Entrez, entrez, Berlicoqué, venez vous chauffer. — Non, non, ma bonne, je n'ai pas frouo, je venais seulement vous demander le sac que je vous ai donné hier souor ò garder. — Ah oui, très bin, prenez-le lò dans le coin de la salle, ò l'endrouo où vous l'avez mis.

Berlicoqué prend son sac, le jette sur son dos, le trouve bin lourd, mais il ch'in vo.

Un peu plus loin, il se dit qu'il faudrait quand même donner quelque chose ò manger ò la petite file. Il s'arrête, sort un morceau de pain de sa poche, et ouvre le sac.

— Wouoh ! wouoh !

Le chien, furieux d'avoir été enfermé toute la nuit dans le sac, se jette sur Berlicoqué, et le mord trés fort, avant de rentrer dans sa ferme en courant.

Alors Berlicoqué se dit tristement :

– D'un épi de blé, j'ai eu un-n' glenn, – D'un-n' glenn, j'ai eu un cochon, – D'un cochon, j'ai eu un bidé, – D'un bidé, j'ai eu un-n' petite file, – D'un-n' petite file, j'ai eu un gros chien, – Et maintenant, je n'ai plus rien du tout.

  1. Le féminin de l'article "un" est en picard le même mot "un" nasal, suivi d'un "n" muet. Il n'y a pas alternance comme en français entre les voyelles "un" et "u". Étudier la transcription du picard
  2. fr. Poule, du lat. gallina